L'heure juste
NOVEMBRE 2024
VUES SUR LE BAPE
DANS LES COULISSES DU PROJET SCARABEC
À Trois-Sommets-les-Pins, l’implantation d’une entreprise d’élevage de scarabées suscite beaucoup de réactions dans la communauté. Une consultation publique du BAPE est annoncée. La population se mobilise autour du Projet Scarabec.
Depuis le 18 novembre, les internautes peuvent plonger dans l’univers coloré de Charlotte, Maxime et leurs amis au fil des 10 épisodes de cette bande dessinée originale produite par le BAPE. Le Projet Scarabec illustre de manière ludique le déroulement d’une consultation publique et la façon dont les gens peuvent participer, s’informer et s’exprimer sur les projets qui peuvent avoir des répercussions dans leur communauté.
Un moyen de communication original pour s’illustrer
Ce moyen de communication original permet d’illustrer simplement comment cette institution québécoise unique permet au public d’exercer son droit de parole et de prendre part au processus de décision susceptible de modifier son milieu de vie. En plus d’atteindre des publics de tous âges, dont ceux et celles qui lisent peu, la bande dessinée contribue à démystifier les travaux du BAPE et à démontrer que c’est facile de participer et que c’est accessible à tous.
«Il s’agit d’une histoire inventée, mais où tout pourrait être vrai!», explique Shirley Bishop, conseillère séniore en communication au BAPE et réalisatrice du Projet Scarabec.
«Le scénario a été développé à la manière d’une série télé avec des personnages attachants qui évoluent au fil de l’histoire. À travers les épisodes, on accompagne les personnages, Charlotte, Maxime et leurs amis, qui découvrent comment participer aux travaux du BAPE. Comme pour une série télé, il y a une intrigue, des enjeux, de l’émotion et un peu d’humour.»
L’histoire se déroule dans une municipalité fictive, une communauté qui ressemble à plusieurs collectivités à travers le Québec. À Trois-Sommets-les-Pins, le lieu de rassemblement des gens de la place est le Café des Pins tenu par Charlotte. Ce jour-là, lorsque Maxime y arrive, il rencontre Judith et Arnaud bouleversés d’apprendre qu’une entreprise d’élevage de scarabées veut s’implanter chez eux. Ensemble, ils découvriront comment participer aux travaux du BAPE. Chaque étape est expliquée simplement, depuis l’annonce du projet jusqu’à la décision du Conseil des ministres, en passant par la période d’information publique et l’audience publique.
Un outil de vulgarisation extraordinaire
«La bande dessinée est un moyen de communication extraordinaire pour vulgariser des concepts et expliquer simplement une démarche, remarque Mme Bishop. La Procédure d’évaluation et d’examen des impacts sur l’environnement qui dicte les différentes étapes du cheminement d’un projet est relativement complexe à expliquer et à comprendre, mais en l’illustrant avec des personnages sympathiques dans lesquels les gens peuvent se reconnaître, ça devient beaucoup plus facile à communiquer, d’autant plus si on ajoute une légère touche d’humour.»
«Nous avons cherché à produire une bande dessinée intelligente, amusante et informative, affirme-t-elle. Même s’il s’agit d’une fiction, l’implantation d’un projet d’envergure présentant un risque environnemental élevé pourrait être une réalité dans n’importe quelle communauté au Québec. C’est important que les gens s’y reconnaissent et sachent que le BAPE est une institution unique qui est là pour eux, pour les informer et leur permettre de s’exprimer sur des projets qui les concernent.»
Un projet de longue haleine
Le Projet Scarabec est né à l’automne 2022. C’est en travaillant sur un autre projet que la conseillère séniore en communication en a eu l’idée. Après avoir effectué des recherches entourant les atouts de la bande dessinée comme moyen de communication et avoir reçu l’aval des autorités du BAPE, elle a travaillé à l’élaboration du concept et du scénario.
Parallèlement, Shirley a mis en place un comité de travail composé de collègues provenant de différentes équipes du BAPE. Son mandat était de déterminer les grandes orientations de la bande dessinée, de valider et de bonifier les contenus. Elle a aussi consulté plusieurs personnes ne faisant pas partie de l’organisation afin d’obtenir un regard objectif sur le projet et la démarche poursuivie.
Un illustrateur de talent
Pour réaliser le dessin, le BAPE a fait appel à un illustrateur professionnel. Spécialiste de la bande dessinée, Mathieu Lampron travaille comme illustrateur depuis une vingtaine d’années. Il a collaboré à plus d’une dizaine d’ouvrages et enseigne à Montréal à l’école supérieure de création numérique appliquée à l'animation, au design et au jeu vidéo, Rubika.
«J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler sur ce mandat, relate l’illustrateur. D’abord parce que j’ai eu du temps pour développer les personnages et l’ambiance générale de la bande dessinée. Même s’il s’agit d’une histoire fictive, elle est quand même ancrée dans le réel, ce qui a ajouté un plus à la production. Aussi, le fait qu’il y avait un objectif social dans la communication m’a donné l’impression de travailler sur quelque chose qui avait un impact, qui rendait mon travail utile.»
Le principal défi entourant le projet en a été un de vulgarisation. Si le but de la scénariste était de s’éloigner du langage bureaucratique afin de présenter simplement un processus qui peut parfois sembler complexe, pour l’illustrateur, le défi était de trouver le juste milieu entre quelque chose de faisable dans le temps et quelque chose d’agréable à voir et à lire, de transmettre de l’information en divertissant, sans être trop didactique.
«Pour moi, la mise en scène est l’aspect le plus important et celui qui représente le plus grand défi, assure-t-il. L’important était de créer du mouvement, de donner du rythme au scénario afin que ce ne soit pas simplement une succession de cases où l’on explique le processus du BAPE. Je voulais donner du mouvement aux personnages afin qu’ils ne soient pas statiques, qu’ils soient en action.»
Une note d’humour
L’illustrateur a aussi apporté une note d’humour au scénario qui se reflète subtilement à chaque épisode. «L’humour est important pour éviter que les gens décrochent. On ne lit pas une bande dessinée pour en apprendre sur la science, on lit une bande dessinée avant tout pour se divertir!»
«L’humour, c’est comme l’émotion, il doit y en avoir, mais pas à l’extrême.» L’humour doit apporter un sourire et non un éclat de rire. Par exemple, il y a des scarabées heureux, le chien de Maéva qui réagit, une vache qui se pose des questions, ce sont tous des éléments qui ajoutent à la trame narrative, qui amènent un petit sourire au lecteur et qui allègent le contenu.
Des personnages colorés
Pour créer les personnages, Mathieu a reçu quelques orientations de l’équipe de travail du BAPE, mais c’est à lui que l’on doit la véritable personnalité des protagonistes.
En phase de création, ce sont toujours les personnages qui lui viennent d’abord en tête. «Les décors sont davantage un défi, non pas parce qu’ils sont difficiles à créer, mais parce que c’est un travail plus technique dans lequel il y a moins de spontanéité et d’émotions. Ce qui m’allume, c’est lorsque je dessine un personnage et que j’arrive à trouver le bon mouvement, la bonne expression, la bonne position du corps qui exprime ce que je veux, il n’y a rien qui me fait plus plaisir.»
«Je m’assure d’aller chercher une variété de corps, de physiques et de personnalités pour représenter la société. Au départ, je me fais toujours dans ma tête mon propre casting de personnes qui existent dans la vraie vie pour ensuite les adapter à la bande dessinée. Par exemple, Maxime est inspiré du beau-frère d’un ami, aussi parti vivre à la campagne. Pour Maéva, je me suis inspiré d’une amie à un tel point que, lorsqu’elle a vu le dessin, elle trouvait qu’elle lui ressemblait!»
Un style «sketchy»
Le style de dessin du Projet Scarabec se nomme «sketchy» parce qu’il imite l'apparence d'une esquisse ou d’un croquis réalisé à main levée. C’est celui que Mathieu Lampron préfère et qui se rapproche le plus de son style naturel. «J’aime ce style parce qu’il permet de conserver de la spontanéité, de créer quelque chose de chaleureux avec de la couleur et de vivre avec ses erreurs. Lorsque l’on va trop loin dans le rendu, on a tendance à figer le mouvement et à rendre les choses trop propres.»
Les 10 épisodes ont été diffusés un par un du 18 au 29 novembre 2024 sur la page Facebook, la chaîne YouTube et le site Web du BAPE, mais le projet reste bien vivant. La série demeurera en ligne sur le site Web du BAPE. Dans l’avenir, cet outil de communication a pour but d’être utilisé auprès de différentes clientèles pour expliquer le fonctionnement du BAPE et favoriser la participation.