L'heure juste
SEPTEMBRE 2023
VUE SUR LE BAPE
ENTREVUE AVEC LE NOUVEAU PRÉSIDENT DU BAPE
Un leadership axé sur l'éthique et la déontologie
Nommé à la présidence du BAPE le 21 juin 2023, Alain R. Roy a fait une entrée tout en douceur à la tête de l’organisation. Il a pris l’été pour se familiariser avec les dossiers et rencontrer les différentes équipes. Maintenant que la rentrée est bien entamée, il est fin prêt pour amorcer le mandat de 5 ans que lui a confié le Conseil des ministres.
Il faut offrir toutes les possibilités pour que les gens puissent s’exprimer et nous donner leur point de vue lorsqu’ils sont touchés par les projets. Si l’on veut produire des rapports de qualité, il s’agit toujours d’un équilibre entre les enjeux à traiter, la participation du public et le délai accordé.
Avocat de formation, l’homme de 54 ans a un parcours professionnel riche et inspirant. Après une maîtrise en histoire, il a complété un baccalauréat, puis une maîtrise en droit. Au cours de sa carrière, il a principalement œuvré dans le monde municipal, que ce soit comme secrétaire d’un arrondissement de la Ville de Montréal, greffier de la MRC des Maskoutains (Saint-Hyacinthe), greffier à la Ville de Lac-Brome ou secrétaire-trésorier à la Municipalité de Saint-Placide. Depuis 2017, il était juge administratif et membre de la Commission municipale du Québec.
Une passion pour le contact avec le public
En plus de l’éthique et la déontologie, ce qui a conduit M. Roy à la présidence du BAPE est son profond désir d’être en contact avec les gens. «J’ai fait au moins une cinquantaine de consultations publiques au cours de ma carrière, relate-t-il. Dans le monde municipal, quand on est greffier ou secrétaire d’arrondissement, c’est à nous que revient la tâche d’organiser des consultations publiques. C’est là que j’ai réalisé que c’est un art de rejoindre le public. Quand on dit que la politique change tout, oui, mais j’ai réalisé assez vite que l’action politique se résume en peu de chose sans la participation active du public.»
Au cours de la dernière année, M. Roy a réalisé quatre grandes consultations publiques. «C’est ce qui m’a amené à postuler comme président du BAPE. Ce n’était pas inscrit dans mon agenda, assure-t-il. Il s’agit d’un concours de circonstances parce que ces mandats m’ont amené à me rapprocher du public.»
L’une des consultations publiques qu’il a présidées et dont il est le plus fier est celle concernant la demande de changement du nom de la région administrative de l’Estrie. À la suite de l’annexion des MRC de la Haute-Yamaska et de Brome-Missisquoi à la région administrative de l’Estrie, la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, a demandé un avis à la Commission municipale afin qu’elle tienne une consultation citoyenne concernant le nom à donner à cette région élargie.
«En fait, elle souhaitait connaître l’avis du public à savoir si on devait remplacer le vocable Estrie par Cantons-de-l’Est, appellation qui trouve sa source dans l’histoire de la colonisation de cette partie du Québec, explique-t-il en prenant soin de mentionner que le mandat était d’autant plus intéressant qu’il s’agit de sa région natale. C’est sûr que cet exercice n’avait pas la complexité des consultations menées par le BAPE, mais nous avons quand même tenu 4 séances publiques et reçu environ 400 commentaires écrits, dont une trentaine de mémoires. Ce fut une expérience des plus enrichissantes.»
Un leadership qui s’inscrit dans la continuité
Expert de l’éthique et de la déontologie, M. Roy entend exercer son leadership autour de cette valeur fondamentale qui définit le BAPE, mais aussi dans la continuité.
«Bien modestement, la présidence que je veux incarner s’exercera sans cassure avec les précédentes, précise-t-il en soulignant l’excellent travail effectué par Marie-Hélène Gauthier qui a assuré l’intérim de main de maître pendant près d’un an. Je désire continuer avec la force des équipes en place et en suivant les orientations de la planification stratégique 2021-2025. Je souhaite un leadership basé sur le respect des valeurs de l’organisation et sur l’authenticité de l’homme que je suis, sur la sensibilité que j’ai envers les êtres humains.»
La confiance du public envers l’institution est aussi un enjeu que le nouveau président prend très au sérieux. «Le fonctionnement du BAPE a plusieurs similitudes avec celui de la Commission municipale. Sa structure de gouvernance et son type de fonctionnement, particulièrement les commissions d’enquête qui ressemblent quelque peu à une fonction juridictionnelle, reposent sur une autonomie à l’abri de toute influence externe. Pour y parvenir, il est nécessaire de respecter les devoirs et les responsabilités en matière d’éthique et de déontologie, deux fondements essentiels pour maintenir la confiance du public envers l’institution.»
Quant à sa vision pour l’avenir de l’organisation, le nouveau président entrevoit plusieurs avenues prometteuses, mais il souhaite avant tout que le BAPE continue à multiplier les occasions pour rejoindre les citoyennes et les citoyens, les soutenir et les informer sur les projets qui les touchent directement dans leur qualité de vie.
«Il faut offrir toutes les possibilités pour que les gens puissent s’exprimer et nous donner leur point de vue lorsqu’ils sont touchés par les projets, conclut-il tout en étant conscient des délais serrés alloués aux travaux des commissions. Si l’on veut produire des rapports de qualité, il s’agit toujours d’un équilibre entre les enjeux à traiter, la participation du public et le délai accordé.»
12 questions en rafale
Quelle est la personnalité publique qui vous inspire le plus?
Il y en a deux. Le regretté Jean Lapierre, député, journaliste et chroniqueur politique, pour son franc-parler, la chaleur qu’il dégageait, la fierté de ses racines madeliniennes et sa proximité avec les gens ainsi que l’académicien Dany Laferrière pour la poésie de ses mots et pour l’authenticité de ses propos.
Quelle est la personne qui a eu le plus d’impact dans votre vie?
Raynald Fréchette, avocat, député de Sherbrooke, président de l’Assemblée nationale, puis juge à la Cour supérieure du Québec, il était un négociateur né. Originaire d’une famille ouvrière de Val-des-Sources, il m’avait accueilli en activité clinique lorsque j’étais étudiant en droit. Il m’avait conseillé de toujours être fier de mes racines ouvrières et de conserver mon goût d’être près des gens. «Ça va te mener loin», m’avait-il dit.
Quel est le principal effort que vous faites pour l’environnement?
J’essaie de pratiquer le zéro déchet. Pas facile! Je suis très préoccupé par la gestion des matières résiduelles au quotidien.
Quel est le livre qui vous a le plus marqué?
La Famille Plouffe de Roger Lemelin et Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry.
Quel est le dernier livre que vous avez lu?
J’aime les autobiographies. Les dernières que j’ai lues sont celles de Marc Laurendeau, humoriste, acteur, journaliste, professeur et animateur de radio et de télévision, et de François Dompierre, compositeur, chef d'orchestre, communicateur, producteur et écrivain.
Quelle est votre série télé préférée?
Il s’agit d’une série culte britannique des années 1990 intitulée Keeping Up Appearances mettant en vedette Patricia Routledge dans le rôle de Hyacinth Bucket, une femme dans la soixantaine d’origine modeste dont le principal défaut est le snobisme. Son désir acharné de paraître et d’appartenir à une classe sociale supérieure l’amène à travers les aventures d’un quotidien banal dans lequel chacun et chacune pourrait se reconnaître.
Quelle est votre région préférée au Québec?
Lanaudière, le pays de mes amours.
Quelle est la cause qui vous tient le plus à cœur?
Le patrimoine bâti.
Qu’est-ce qui vous fait immanquablement sourire?
L’humour absurde.
Quel est votre plaisir coupable?
Les meubles et les décorations art déco, les livres anciens et les objets vintage.
Quel est votre talent caché?
Par mes temps libres, je suis guide historique à la cathédrale de Sherbrooke.
Si vous aviez un seul mot pour vous décrire, lequel choisiriez-vous?
Authentique.